Quelle agriculture, pour quelle société?

Publié le  : 28-04-2024

Retour de la soirée du 26 avril avec la participation de paysans-syndicalistes de la Confédération Paysanne, la « Conf ».

Après la mobilisation massive des agriculteurs, les manifestations et les blocages en ce début d’année,
une soirée passionnante et bien utile pour essayer de comprendre le malaise du monde agricole .
Mais également, pour entendre la parole des petits paysans, ceux que l’on a pas beaucoup vus sur les plateaux télé au cours de ces semaines de manifestations. Un certain nombre d’entre-eux était parmi nous ce soir, tous en installés en Nord-Isère.


Marie Allagnat, paysanne-boulangère  » la Ferme de Rosières » 38 Ruy ( pain, pizza, légumes bio) ;
Sylvain et Rémi Terry, Maraichers » La ferme de Malatrait » 38 St Georges D’Espéranche (légumes bio, farine, pain) ;
Laetitia Charvet : École d’équitation « ô cheval » 38 Roche (école d’équitation pour humains et équidés) ;
Joaquim Ferrand paysan boulanger « La Ferme de Chalonne » 38 Charette (céréales et pain bio, pizzas, gourmandises,produits fermiers,…).

Après un rappel historique sur la naissance des différents syndicats agricoles, les intervenants ont insisté
sur leur attachement à une agriculture paysanne plus respectueuse de l’écologie et du vivant . « Il est
préférable d’avoir 10 petites exploitations qu’une grosse ». Et pourtant nous savons tous que le nombre
de paysans décroit de façon dramatique dans notre pays depuis des décennies. Le pouvoir politique
privilégie le développement des méga-structures et on s’oriente vers une agro-industrie éloignée des
préoccupations écologiques, et de santé publique.

De plus, la PAC, (Politique Agricole Commune) mise en place à l’échelle européenne accorde ses aides
en fonction de la taille de l’exploitation ce qui incite donc à s’agrandir toujours plus. Bien que contestant
la PAC pour ses orientations et ses choix, les intervenants reconnaissent que l’aide financière qu’elle
apporte est nécessaire pour leur maintenir un niveau de revenu acceptable.

Enfin le syndicalisme agricole est très largement dominé par la puissante FNSEA qui semble
incontournable tant elle intervient à tous les niveaux pour les décisions qui concernent le monde
agricole. Elle est LE syndicat dans lequel il peut sembler naturel d’entrer quand on est agriculteur même
si ses dirigeants (qui possèdent des exploitations considérables) ne sont pas représentatifs de la
profession et n’ont pas les mêmes intérêts que la très grande majorité de ses adhérents. Ne pas faire
partie de la famille FNSEA peut être compliqué notamment pour les jeunes qui souhaitent créer ou
reprendre une exploitation agricole. Par exemple, l’accès aux informations sur la disponibilité des
terrains semble plus difficile…

L’installation des jeunes dans le monde agricole est un parcours du combattant d’autant plus lorsqu’ils ne
sont pas issus de cet univers. Les difficultés pour trouver et financer les terrains liées à l’explosion du
coût du foncier, les aléas climatiques peuvent avoir raison de l’enthousiasme du départ . Le témoignage
des jeunes de la Margoulette, producteurs de champignons, a confirmé ces difficultés qui n’ont pas
altéré leur enthousiasme, puisqu’ils réfléchissent déjà à un autre projet avec une production plus
diversifiée. L’ensemble de la société doit s’emparer de la question agricole

Il est important que nous consommateurs prenions conscience de l’importance de notre rôle et de nos
choix pour maintenir et développer une alimentation de proximité et de qualité en acceptant de
consacrer, si possible, une part plus importante de nos revenus aux dépenses alimentaires .
Pour ceux qui ont un budget très contraint, la possibilité est évoquée par une intervenante de proposer
aux clients de choisir entre 3 prix différents selon leurs ressources. Un pas peut-être vers la sécurité
sociale de l’alimentation, une idée qui fait son chemin portée par plusieurs associations, pour assurer
un droit à l’alimentation pour tous, des droits aux producteurs et la protection de l’environnement.

D’autres sujets ont été évoqués comme le salariat dans le monde agricole, les rapports entre patrons-
paysans et salariés, le Plan Local de l’Alimentation, les différentes formes juridiques possibles pour s’installer, (GAEC, SCOP..) .D’autres rencontres devraient suivre tant le sujet est vaste et passionnant .
Une soirée très riche au cours de laquelle les intervenants nous ont fait part de leur difficultés mais plus
encore de leurs réflexions et de leur fort engagement pour une agriculture « socialement fertile ».

A nous de nous engager à leur côté, en jouant notre rôle de consom’acteurs, en soutenant leur syndicat
(Les ami-e-s de la Conf), en se rapprochant de l’association « Terre de liens » qui permet d’acquérir des
terres agricoles, ou bien encore en rejoignant des associations qui les soutiennent (ex : les ami-e-s de la
ferme de rosière).

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